Sépulture et Foi

Mon confrère et ami, l’abbé Cyril GORDIEN, vicaire à la Paroisse Notre-Dame-de-l’Assomption (Paris-16e), a publié l’éditorial ci-dessous. Devant la recrudescence des demandes de crémation et la toute récente instruction Ad resurgendum cum Christo, promulguée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (le 15 août 2016), la réflexion de l’abbé Gordien me paraît particulièrement pertinente. Avec son autorisation, j’ai donc pris la liberté de la relayer sur le site de notre paroisse.

À Rome, les premiers chrétiens se distinguèrent par leur désir d’ensevelir leurs morts, au lieu de les brûler comme le faisaient habituellement les Romains. Ils creusaient pour cela des galeries, les fameuses catacombes, dans lesquelles ils déposaient avec respect, dans la prière, les corps des défunts. C’est ainsi que nous avons les reliques de nombreux martyrs, reliques que nous pouvons encore vénérer, grâce à Dieu, dans les sanctuaires de la ville éternelle. Se distinguer du monde quand la foi l’exige, voilà une attitude authentiquement chrétienne, plutôt que suivre les courants dominants à l’instar des feuilles mortes.
Hélas, aujourd’hui, certains catholiques préfèrent se fondre dans la masse en adoptant les coutumes du moment. Ils se laissent tranquillement tentés par la crémation de leur corps, arguant que cette pratique funéraire est plus hygiénique, moins onéreuse, et qu’il vaut mieux anéantir son corps dans les flammes plutôt que de le laisser ronger par les vers. Entre le pétrole et l’humus, entre la destruction quasi instantanée et la lente décomposition naturelle, ils choisissent ce que prônent l’air du temps et les Pompes funèbres, par commodité, faisant fi de la longue tradition chrétienne.
Car, il faut le rappeler, l’incinération n’est pas une pratique encouragée par l’Église, loin s’en faut. La Congrégation pour la doctrine de la Foi vient de publier un document très clair en la matière. Celui-ci recommande vivement aux fidèles baptisés l’inhumation de leur corps, et en tout cas, interdit formellement la dispersion des cendres sous quelque forme que ce soit. « Je crois à la résurrection de la chair », professons-nous dans le Credo. Alors soyons cohérents : traitons avec respect et charité ce corps, et ensevelissons-le comme il convient, ce qui est d’ailleurs, l’une des sept œuvres de miséricorde corporelle.
« Suivant la tradition chrétienne immémoriale, l’Église recommande avec insistance que les corps des défunts soient ensevelis dans un cimetière ou en un lieu sacré. En souvenir de la mort, de la sépulture et de la résurrection du Seigneur, mystère à la lumière duquel se manifeste le sens chrétien de la mort, l’inhumation est d’abord et avant tout la forme la plus idoine pour exprimer la foi et l’espérance dans la résurrection du corps ». (Instruction
Ad resurgendum cum Christo, 15 août 2016, n. 3)Abbé Cyril Gordien +

 

 

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